Changer de cap

2016

La démocratie participative à Soudorgues a pour but de donner la parole aux citoyens qui le souhaitent. L’idée est de passer d’un statut passif d’administré à celui de citoyen engagé et fier de sa commune. Il s’agit d’aboutir à des propositions mieux partagées que celles prises par les seuls élus, qui ne se sentent plus isolés mais épaulés par ce groupe de villageois. Cette vision n’est pas antinomique avec les institutions représentatives existantes (le rôle du maire, du conseil municipal) mais plutôt complémentaire.

Soudorgues est une petite commune des Cévennes, à 500 m d’altitude, dont la population est passée de 800 habitants au XIXe siècle à 200 en 1990. La population augmente depuis lors, et atteint aujourd’hui 300 habitants, grâce à la capacité qu’ont eu ses familles traditionnelles d’accueillir et d’intégrer de nouveaux venus qui ont permis des réalisations bénéfiques pour le village, facilitant la création d’emploi et l’animation, et dans la pratique de la démocratie participative.

Différentes commissions se réunissent en fonction des besoins, à la demande du maire, d’un adjoint ou dans des participants. Les commissions s’organisent librement. Leur travail permet d’aboutir à des propositions concrètes pour le mieux vivre ensemble, dont des réalisations pratiques d’aménagements, diminuer les dépenses. Une fois les décisions validées par le conseil municipal, les membres des commissions peuvent, le cas échéant, participer à la mise en œuvre des projets.

Chaque commission compte parmi ses membres un ou deux conseillers, ce qui permet de travailler en étroite collaboration avec la mairie. Pour peu qu’elles soient correctement animées, ces commissions donnent aussi une chance égale à chaque soudorguais – quel qu’il soit – de se forger une opinion et de la faire partager. Un fait suffisamment rare pour être souligné. Faire partie d’une commission c’est aussi évoluer en fonction des arguments échangés et s’émanciper, car « ce qui distingue l’esclave (ou le dominé) de l’homme libre, c’est que seul le second a un pouvoir d’initiative ». D’où l’importance donnée à la qualité de l’information… Bien informer, c’est former des citoyens. Mal informer c’est former des sujets.

La démocratie participative a permis de réaliser de nombreux projets.

En 1990, le « Village actif », a permis d’installer 3 entreprises : Biotope, Pensée sauvage et Armoise (une coopérative, une association, une SARL). Armoise est partie mais d’autres petites entreprises sont venus s’installer (ostéopathe, Yoga, musicien… L’achat de « Bon Repos » a permis de créer 4 logements sociaux de qualité, la cyberépicerie Terre de Mauripe ainsi qu’un local et un four de poterie. Les 4 logements accueillent des familles actives avec enfants, l’épicerie autofinance un poste à temps partiel. La réfection du foyer et son agrandissement ont bénéficié de l‘aide bénévole de plusieurs soudorguais et de plusieurs membres du Conseil municipal, ce qui a permis, ici aussi, de limiter les coûts, rendant le projet viable. L’installation du photovoltaïque assure le remboursement de l’emprunt contracté pour sa réalisation. Le chauffage au bois alimente le foyer, la mairie et l’école permettant une économie substantielle pour la commune.

L’atelier des Cadenèdes permet à sept artisans ou autoentrepreneurs soudorguais de développer leur activité a été rendue possible grâce à un montage qui incluait dès le départ, en complément de subventions et d’investissements municipaux, une part de participation citoyenne et de bénévolat. Des bénévoles sont venus parfois de loin pour apprendre des techniques de construction écologiques. La complexité est dans le dosage du bénévolat qui ne doit pas entraver le développement des entreprises locales. Il est donc acceptable quand « l’économie réalisée » permet de mettre en place un projet. Le bénévolat est l’enrichissement de chacun et le ciment entre les citoyens.

La démocratie participative, une construction commune de l’intérêt général

De nombreux projets ont vu le jour grâce à démocratie participative, porteurs d’activités économiques sur place, de transition écologique et de mieux vivre. L’humain prime sur l’économie, la priorité donnée à la qualité de la réflexion (recherche de solutions nouvelles et prise en compte de toutes les conséquences) ainsi qu’aux modalités du débat (respect des opinions contraires et dépassement des divergences). S’associer à l’élaboration des décisions publiques, améliore la qualité des débats et des services publiques : cela permet de participer plus directement à la construction de l’intérêt général.

Lorsqu’un projet se réalise dans de bonnes conditions, il instaure un rapport de confiance avec les financeurs et plus particulièrement les techniciens instruisant les dossiers… Ce rapport de confiance permet, à son tour, de réaliser de nouveaux projets. Ainsi, chaque projet se nourrit des précédents réussis. Les limites sont, de fait, posées par la participation ou non des citoyens aux commissions.

Dans chaque commission il est important d’être à l’écoute de tous les participants (certains sont plus timides que d’autres… et n’en ont pas moins d’opinion légitime !). Toutes les décisions ne peuvent pas être prises à l’unanimité. Il faut accepter de faire de temps en temps des concessions quand il s’agit du mieux vivre ensemble, que le moment n’est pas opportun, qu’ils ne concernent que trop peu de personnes pour être portés au niveau du village. Tout conflit doit déboucher sur une négociation, plus ou moins longue, où d’autres facteurs sont à considérer : les contraintes économiques, l’intérêt collectif…

Les inventeurs grecs de la démocratie participative estimaient que dans l’idéal, la politique consiste en ce que « les hommes libres, par-delà la contrainte, la violence et la domination, ont entre eux des relations d’égaux et que, en dehors d’un contexte de guerre, toutes les questions de la vie commune doivent être traitées par la discussion et la persuasion mutuelle ». La démocratie participative, réactualise l’idéal des « Anciens » d’une participation directe des citoyens ordinaires à la prise de décision politique et à la gestion des actions.

Dans le contexte d’une interrogation croissante sur les limites de la démocratie représentative, du fait majoritaire, de la professionnalisation du politique et de son éloignement de la vie quotidienne des citoyens, la démocratie participative permet à chacun(e) de réfléchir et d’agir, non seulement sur les affaires de la commune, mais aussi sur celles de l’Etat. Si cette présence vigilante n’est pas assurée, les gouvernements, les corps organisés, les fonctionnaires, en butte aux pressions de toutes sortes, sont abandonnés à leur propre faiblesse et cèdent aux tentations de l’arbitraire… Ainsi vécue, la démocratie participative est un mouvement perpétuel. Il faut plutôt considérer que ce type de participation relève d’un chantier collectif dans lequel on recherche les meilleures solutions pour tous, le mieux vivre ensemble et une forme d’équilibre où chaque citoyen se sent intégré dans le village.

Contact Mairie de Soudorgues, 04 66 25 83 54 mairiesoudorgues@wanadoo.fr Le Portal 30460  Soudorgues

Lien voir le numéro spécial bilan de l’action municipale, très bien fait dans https://soudorgues.jimdo.com/mairie/bulletin-municipal/

 

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